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Résumé de la Table-ronde Agros devenus Agriculteurs
TABLE RONDE "Les ingénieurs Agros devenus Agriculteurs" du 22 avril 2021
Evénement en visioconférence, organisé et animé par Fabienne Cottret (R01) et Charlotte de Farcy (M04)
ayant réuni 100 participants
Témoins : Julien Sauvée (R06) Jean Guitton (D17) Céline Le Laurent (R01) Aurélien Leray (R09)
L'objet de la table ronde était de connaître la motivation et l'expérience de trois agronomes devenus paysans, et de Jean Guitton, 26 ans, en voie de le devenir. Il s'est dégagé de cette table ronde le témoignage poignant de jeunes agriculteurs évoquant le combat de la maîtrise de leur mode de la vie. En agriculture, ce combat s'apparentait à la recherche de l'autonomie, précisément d'une « autonomie décisionnelle ».
L'ennemi était donc l'armée des pressions mercantiles, des visites et des discours théoriques, faussement convaincants, menant l'agriculteur crédule à la dépendance et à sa perte. D'alliés, on en vit deux : la formation et l'entourage. La formation, donnant à l'agriculteur l'aplomb de la contradiction (atout de la formation d'ingénieur) et l'outil de la gestion, moyens nécessaires pour asseoir les choix d'autonomie stratégique de l'exploitation. La capacité, également, à discuter « d'égal à égal » avec les banquiers, prestataires, techniciens… Au-delà de la formation initiale, la formation continue a été évoquée comme indispensable pour ouvrir ses horizons, conforter ses choix ou ouvrir ses horizons.
Le plus grand allié était cependant l'entourage humain : confort psychologique dans les choix et les décisions, consolation dans les échecs et les coups durs. L'agriculture ne saurait se pratiquer en solitaire ! Tous étaient peu ou prou d'origine « paysanne ». Leur proximité, leur familiarité avec le milieu agricole constituaient leur trésor ; aînés, associés, voisins, municipalité, sans oublier les indispensables groupes d'échanges entre paysans. CEDAPA, ADAGE, CIVAM, CUMA GABB, FNAB imprégnaient les expériences.
Sur la condition féminine, les quatre jeunes agriculteurs regrettaient l'hésitation des femmes, pourtant omni-présentes dans le métier, à s'exprimer au milieu des hommes. Pudeur traditionnelle ? Manque d'émancipation par rapport aux tâches ancillaires mal partagées ? Il y avait là une résistance sociale à vaincre car l'expérience et l'opinion féminines importaient pour le progrès de l'agriculture, notamment pour l'ergonomie des tâches, qui devaient être accessibles à tous. « La non-reconnaissance du travail des femmes dans les fermes est une perte nette » « attention à ne pas exclure 50% des potentiels futurs repreneurs des fermes » et 50% de salariées. Les postes de travail doivent être adaptés au plus « faible » pour faciliter les remplacements et rotations du week-end.
L'entourage, notamment familial, est aussi apparu comme l'objet central de l’autonomie recherchée : disposer du temps pour la vie familiale, pour la présence auprès des enfants, pour l'équilibre avec son conjoint et entre vie professionnelle et vie privée.
Plutôt qu'un élément déclencheur ayant mené les intervenants au métier d'agriculteur, il ressortait une forme de continuité entre historique familiale et volonté politique de contribuer à l'évolution sociétale. La liberté d'être sur sa ferme, d'agencer son emploi du temps, dans un cadre agréable, de pouvoir s'investir dans les institutions agricoles en tant qu'élu… Un métier « addictif » dont on n'a jamais fini de faire le tour, où il faut rester curieux, se remettre en question son système pour être autonome financièrement.
Le terme « politique » fut plusieurs fois utilisé au début des échanges mais les engagements ne furent guère évoqués, sauf par Julien, et son engagement dans les réseaux d'agriculture biologique. La Confédération paysanne fut mentionnée à une seule occasion. En fait le caractère militant des discours correspondait au choix de l'autonomie, à cette revendication d'une liberté bien comprise, à l'harmonie d’une vie pleinement assumée.
Quant à l'environnement, il ne fut employé qu'une fois (Jean Guitton). Le respect de l'environnement ne serait-il que l'effet, le sous-produit en quelque sorte de l'autonomie vantée par ces agriculteurs ? Car la préoccupation, sinon l'engagement bio étaient assurément omniprésents, même chez Céline, agricultrice qui avouait, presque à regret, être restée « conventionnelle » (non bio) !
Julien et Aurélien étaient installés dans le bassin de Rennes, Céline en centre Bretagne (Côtes d'Armor). Jean cessait sa fonction de conseiller CEDAPA pour s'installer sur l'exploitation familiale en Loire Atlantique.
Article rédigé par Armand Rioust de Largentaye (P69)
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