La société face au vieillissement de la population
intervention de Daniel Carré le jeudi 4 décembre 2014
Objectifs :
L'intervention de Daniel vise à
- Identifier les enjeux, les risques et les défis de la société dans les pays développés : UE, USA/Canada, Japon/Corée
- éclairer sur le « Comment y répondre collectivement » ,
- et sur le « Comment y répondre individuellement »
Principaux enseignements :
La part des personnes âgées dans la population est un phénomène totalement nouveau dans l’histoire de l’humanité : tout est à découvrir et inventer pour leur donner leur juste place.
Voir la déformation de la pyramide des âges au cours des dernières années et dans un proche avenir sur le site de l’Insee :
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Les phases du vieillissement ne peuvent être esquissées que de manière très relative :
- la vie après la phase de travail actif avec une barrière très variable autour de 80 ans
- le replis sur soi : aux autres de tout faire
- la dépendance, avec perte d’autonomie (indépendamment de toute maladie) : cf. groupes d’iso-ressource
- la fin de vie
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Le rôle de la médecine évolue du soin (traitement d’une pathologie) vers l’accompagnement de la personne vieillissante
La prospective sanitaire de la personne vieillissante s’appuie sur la définition de la santé donnée par l’OMS :
« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »
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La notion d’espérance de vie à la naissance doit laisser la place à celle d’espérance de vie en bonne santé.
Ce ne sont plus les maladies infectieuses ou morbidité qui posent problème mais :
- les maladies non transmissibles : diabète, cancers, insuffisances cardiaques, rénales, respiratoires
- les maladies neuro-dégénératives qui affectent 1 million de personnes en France, pour 66 millions d'habitants
- les maladies mentales qui affectent près de 2 millions de personnes, et progressent fortement, notamment au sein de populations marginales
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Les nouveaux défis sanitaires :
Les personnes âgées souffrent de maladies chroniques, à la guérison incertaine, et le plus souvent de polypathologie
Or le système de santé, organisé pour soigner des maladies aigües, s’avère inadapté face à ces nouvelles donnes, ce qui a un fort impact sur les grands équilibres socio-économiques
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Les grands équilibres socio-économiques :
La retraite : le poids des inactifs dans la population (on arrive au ratio de 1 pour 1) a pour conséquence un risque de forte baisse de revenu pour les retraités
L’assurance maladie et les retraites comptent pour 12% du PIB, soit 220 milliards d'euros
La dépendance : elle n'est quasiment pas couverte par la solidarité
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La coordination reste à assurer entre les différentes interventions (jusqu’à 50 intervenants différents pour un même patient), même si des outils de coordination commencent à être mis en place : Clic (Centre Local d'Information et de Coordination), Maia (Maison pour l’Autonomie et l’Intégration des malades d’Alzheimer.)
La prise en charge à domicile est impossible à quantifier. Cela comporte les soins à domicile, les soins infirmiers à domicile et l’hospitalisation à domicile qui, à partir d’un certain degré de dépendance, peuvent être extrêmement chers.
La prise en charge en établissement (7000 EHPAD en France) n’est pas optimale, avec un personnel manquant souvent de formation.
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Les impacts économiques sont complexes :
Médecins et infirmières sont pris en charge par la SS. En revanche l’hébergement et les services doivent être payés par les pensionnaires ou leurs familles, sauf à bénéficier de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie, fortement rabotée par un ticket modérateur lié au revenu et au patrimoine) ou de l’ASH (aide sociale à l’hébergement, également selon conditions de ressources, éventuellement sous forme de prêt à valoir sur héritage).
Il faut savoir que les soins en réanimation coûtent 3500 € / jour, et les soins intensifs 1500 € / jour.
Les assurances, dont les primes sont beaucoup trop élevées pour les petits revenus, sont des leurres.
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Le plus sur est encore de se constituer un capital avec le risque de le manger durant ses vieux jours avant de le transmettre à ses héritiers.
Bâtir une vie autonome est donc une nécessité :
- forme physique : attention à la baisse d’activité physique à tout âge !
- nutrition diversifiée
- éviter toute addiction
- vie affective : les couples s’en sortent beaucoup mieux, et parmi les personnes devenant seules, les femmes mieux que les hommes
- préparer l’avenir : succession, directives anticipées, mandat de protection future, afin d’éviter tout drame de famille
- activité intellectuelle et sociale
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Les textes législatifs
la loi Kouchner du 4 mars 2002
la loi Léonetti du 22 avril 2005
les directives anticipées de juillet 2007
Daniel (Paris 1951) est un de nos camarades très engagé sur le plan national dans le domaine de la représentation des usagers de santé, il est notamment :
- Secrétaire général du CISS, et au bureau de ce collectif qui regroupe les principales associations agréées de santé, en charge le secteur Santé et Vieillissement.
CISS - Collectif Interassociatif Sur la Santé
- membre du CISS au titre de l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), dont il est délégué national aux usagers de santé, animant un réseau de plus de 200 représentants d'usagers en établissement sanitaire et instances régionales de santé.
http://www.admd.net
- ancien secrétaire général de l'Association de Gérontologie du 13 ème (AG13), puis président fondateur en 2006 de Générations 13, jusqu'en 2008. L'association regroupe plus de 600 adhérents pour proposer des activités de prévention des effets du vieillissement et qui a adhéré à Générations Mouvement (ex Ainés Ruraux).
http://www.generations13.org
Daniel vient d'être nommé par arrêté du 1er ministre à la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH)
Pour en savoir plus sur les travaux de Daniel :
Le blog de Daniel Carré | Mediapart
d.carre@dbmail.com
0687086247
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